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LA SÉGRÉGATION RACIALE AUX ÉTATS-UNIS DE 1860 A 1960
Le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis désigne principalement la lutte pour mettre un terme à la ségrégation raciale. Il s’agit d’un mouvement, à l’origine non violent dont le but est d’obtenir l’égalité des droits pour tous les Américains. Pour que les personnes de couleurs soient acceptées, tels qu’elles sont, sans discrimination. S’en est suivi un long combat.
Rappel des lois :
En 1875, le Congrès adopte une loi sur les droits civiques (Civil Rights Act). Il s'agit d'un texte qui interdit la ségrégation dans de nombreux domaines. Pendant quelques années, la Cour Suprême va dans le même sens. Le Civil Rights Act ne cite pas le domaine de l'éducation. En 1883, la Cour Suprême déclare le Civil Rights Act de 1875 non constitutionnel.
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Le mouvement dans l'éducation
Dès 1950, de nombreux enfants noirs tentent en vain de s’inscrire dans une école réservée aux enfants « blancs » afin d’y faire leur scolarité. Tous ont été refusés. Les parents de ces enfants, aidés par la NAACP (association nationale pour le progrès des gens de couleur, qui est alors la principale organisation de défense des droits civiques) iront en justice déposer une plainte. Après de longs procès, le 17 mai 1954 la Cour Suprême des Etats-Unis déclare inconstitutionnelle la ségrégation dans l’éducation.
Ainsi en 1960, Ruby Bridge, alors âgée de 6 ans et vivant en Louisiane, est la première élève noire à intégrer une école pour les blancs.
La scène de son arrivée est représentée dans la célèbre peinture de Norman ROCKWELL The problem will all live with (Le problème avec lequel nous vivons tous). Ruby Bridge est au premier plan entourée de quatre « marshalls » fédéraux. Malgré les projectiles qui lui sont lancés, Ruby garde la tête haute, elle est fière d’aller à l’école. Peut-être suit-elle les pas d’une autre femme qui a su garder ses valeurs dans ce fameux bus de Montgomery.

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Le mouvement vers l'intégration
« Le courage c'est savoir que tu pars battu, mais d'agir quand même sans s'arrêter » Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee.
La lutte pour les droits civiques est en hausse en 1955, avec de nombreux boycotts notamment dans les bus. Le plus connu de ces boycotts est celui du 1er décembre 1955 lorsque que Rosa Parks refuse de céder sa place à une personne blanche dans un bus.
Dans le livre Rosa Parks : la femme qui a changé l’Amérique d’Eric SIMA, celui –ci nous raconte « Dès son arrivée à Montgomery, Rosa avait été confrontée à des règlements racistes qu'elle ne connaissait pas encore. Les animaux qu'ils soient blancs, noirs, marron ou d'une autre couleur buvaient à la même eau. Mais ce n'était pas le cas des humains. Les fontaines étaient séparées en deux catégories : celles des Blancs et celles des Noirs. » Mais encore dans le livre de Raphaële FRIER ZAÜ Martin et Rosa : ensemble pour l’égalité « Rosa marche sur le bitume avec son petit frère. Ils viennent d'apercevoir le bus des écoliers blancs. Le bus qui chaque jour passe devant eux sans s'arrêter, comme s'il croisait des mouches, rien que des mouches sur sa route. Ainsi va la vie.»
Rosa n’a pas voulu accepter cette vie où les noirs sont distingués comme des citoyens de seconde classe. Elle a préféré se rebeller, même si cela l’a conduite en prison. Son arrestation donnera naissance au boycott de la compagnie de bus durant 381 jours. Suite à cet évènement, une organisation (Southern Christian Leadership Conference (S.C.L.C.) ) contre la ségrégation se forme avec, à sa tête, le pasteur noir Martin Luther King.
Le 13 novembre 1956, la Cour Suprême des États-Unis finit par abolir les lois ségrégationnistes de Montgomery, les déclarants anticonstitutionnelles.
L’organisation S.C.L.C se veut pacifiste et légale. La jeunesse organise, dans le Sud, des sit-in (manifestation immobile) afin de protester contre la ségrégation dans des lieux publics ségrégués. Les magasins de la chaîne Woolworth, qui interdisent aux Noirs de fréquenter les comptoirs de leurs bars, se voient ainsi envahis.
Comme le cite le héros dans le roman Jazz de Toni MORRISON « Je ne veux pas être un négro libre, je veux être un homme libre ».
Le 28 août 1963 Martin Luther King invite la population à se réunir devant le mémorial Lincoln à Washington (lieu en mémoire d’Abraham Lincoln qui était le défenseur, à son époque de la cause afro-américaine). C’est ce même jour que Martin Luther King s’exprime par son discours « I Have a dream » (j’ai un rêve). Il rêve « qu’un jour, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’assoir ensemble à la table de la fraternité.»
La jeunesse noire des ghettos se radicalise. Alors que certains choisissaient de répandre leurs idées par des mouvements pacifiques, d'autres comme Malcolm X choisissaient quant à eux la force et les armes. Les nouvelles formes de lutte plus virulentes qui ont émergé ces dernières années séduisent davantage une jeune génération. L’action directe gagne en crédibilité sur l’action légale.
En 1967,Thurgood Marshall, est le premier Noir nommé à la Cour Suprême américaine. Il fut le symbole des possibilités qui s’offraient lorsque l’on acceptait de travailler à l’intérieur du système politique. Petit à petit une majorité des candidats Noirs se mirent à remporter des élections. La première femme sénateur Afro-Américaine, Carol Moseley Braun fut d’ailleurs élue en 1992 en Illinois. Dans les années 80, des maires Noirs furent élus à Chicago, Philadelphie, New York et dans d’autres villes de tout le pays. Plus récemment, Colin Powell occupa le poste de Secrétaire d’Etat pendant 4 ans sous le premier mandat du Président Bush .


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Le mouvement dans le milieu sportif
"Tu n'as pas à te soucier de faire ce qu'il faut. Si tu en as envie, alors tu le fais sans y penser." Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage de Maya ANGELOU
La lutte contre la discrimination raciale viendra s’affirmer jusqu’aux Jeux Olympiques.
En effet, lors des Jeux Olympiques de Mexico en 1968, des poings de révolte se sont levés lors de l’hymne américain. Ce geste symbolique de Tommie Smith, vainqueur du 200m, et de John Carlos, qui a remporté la médaille de bronze, a été retransmis à la télévision ainsi que dans la presse. Le médaillé d’or expliqua que ce poing levé dans un gant noir signifiait « le pouvoir et l’unité des Noirs américains ». Ils souhaitaient montrer aux yeux du monde les injustices dont étaient victimes les Noirs. Tommie et John étaient alors en phase avec la théorie du Black Power (activité qui lutte contre la ségrégation). Les deux athlètes furent suspendus. Malgré tout, les jours suivants, d’autres sportifs Noirs manifestèrent sur le podium.

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Le mouvement en chanson
De nombreuses voix, telles que celles de Bod Marley, Ray Charles, Muddy Watters se sont succédées en chantant des textes qui traitent de la ségrégation.
C’est en 1939 que Billie HOLIDAY chante pour la première fois Strange Fruit (Fruit étrange) dans un bar où Blancs et Noirs peuvent se côtoyer. Cette chanson écrite par Lewis Allen lui a immédiatement plu car elle exprime ses sentiments lors de la mort de son père, mort d’une pneumonie car des médecins Blancs refusaient de le soigner. Strange fruit deviendra très vite un succès, mais celui-ci dérange. Cette chanson traite du racisme envers les Noirs.
Nina Simone, chanteuse noire et militante pour les droits civiques, évoquant la chanson disait : « C'est la plus affreuse des chansons, affreuse parce que violente et dévoilant crûment ce que les Blancs ont fait aux miens. » (Nina Simone de Gilles LEROY).
La chanson Hurricane (ouragan) interprétée par Bob DYLAN en 1970 évoque Rubin Carter, un homme noir emprisonné qui a été victime d’un complot de la part d’un policier blanc, raciste. Cette chanson fait partie des « protest song » qui regroupent des chanteurs qui luttent en musique contre la discrimination. Les paroles ont été écrites à la suite de la lecture faite par Bob Dylan de l’autobiographie de Rubin CARTER Le seizième Round. Avec ce morceau, Bob Dylan récoltera assez d’argent pour permettre à Rubin Carter d’avoir un bon avocat pour le procès. Rubin Carter sera ainsi libéré de prison.
"Strange Fruit (Fruit Etrange *)
Southern trees bear strange fruit
Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Blood on the leaves and blood on the root
Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines
Black bodies swinging in the southern breeze
Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud
Strange fruit hanging from poplar trees
Un fruit étrange suspendu aux peupliers
Pastoral scene of the gallant South
Scène pastorale du vaillant Sud
The bulging eyes and the twisted mouth
Les yeux révulsés et la bouche déformée
Scent of magnolia sweet and fresh
Le parfum des magnolias doux et printannier
Then the sudden smell of burning flesh
Puis l'odeur soudaine de la chair qui brûle
Here is a fruit for the crows to pluck
Voici un fruit que les corbeaux picorent
For the rain to gather, for the wind to suck
Que la pluie fait pousser, que le vent assèche
For the sun to ripe, to the tree to drop
Que le soleil fait mûrir, que l'arbre fait tomber
Here is a strange and bitter crop !
Voici une bien étrange et amère récolte !
Chanson composée en 1946 afin de dénoncer les Necktie Party ( pendaison) qui avait lieu dans le Sud des Etats Unis et auxquels les blancs assistaient habillés sur leur 31. Cette chanson fut offerte à Billie Holiday au cours de sa carrière, et rencontra un immense succès lors de sa sortie."


Tableau du peintre Norman Percevell Rockwel, paru en 1964, The problem we all live with, représentant Ruby Bridges
Rosa parrk refusant de céder sa place dans le bus
Rosa Parks
Jeux Olympiques de Mexico, 1968
Victoire de deux Noirs